Cette sourate de cent onze versets, la cinquantième dans l’ordre chronologique, est proclamée à La Mecque, sauf les versets 26, 32, 33, 57 et 73-80, qui semblent l’avoir été à Médine. Ses titres, le second étant le plus usuel, sont tirés des versets 1, 1-2 ou 4. Elle a pour thème le voyage céleste du Nabi, dont historiens et théologiens ne cessent, depuis des siècles, d’élucider les circonstances. Le voyage de nuit – Al-Isrâ est le miracle espéré pour faire taire les adversaires du Prophète: il aurait eu lieu l’année du Chagrin, après la mort de Khadidja, sa femme, et du chef de son clan, Abu Talib, le 27 du mois de Rajale, selon la tradition musulmane – qui décrit avec d’abondants détails ce voyage fait en compagnie des anges Michel et Gabriel, avec un troisième personnage dont l’identité reste secrète.
Muhammad chevauche une monture, au corps de cheval et à la tête de femme, Bouraq, fend l’espace à la vitesse de l’éclair et le conduit de La Mecque à Jérusalem. En route, le Prophète l’arrête pour prier au mont Sinaï puis à Bethléem, en hommage à Mûssa-Moshè et à ‘Issa-Iéshoua‘. Arrivé sur l’esplanade du Temple de Jérusalem, il prie en compagnie d’Ibrâhim, de Mûssa et de ‘Issa.
Une deuxième étape de ce voyage conduit Muhammad – qui aura laissé l’empreinte de son pied sur le rocher du Dôme du Roc – dans les sept ciels où il rencontre les prophètes de la Bible, Adam, Nûh, Yûsuf, Mûssa et au septième ciel Ibrâhim. Les commentateurs s’étendent sans fin sur les affres de la Géhenne et les splendeurs célestes du Paradis, celles du Lotus de la Limite, Sidrat-al-Muntaha, à la droite du Trône ineffable d’Allah, entouré par les manifestations de l’Unique, de la Perfection, de la Souveraineté, de la Beauté, parmi les multitudes angéliques. Là, grâce à un ange, Muhammad dialogue avec Allah qui lui donne les ultimes clés de sa révélation et prescrit les cinq prières quotidiennes de l’islam.
Après être redescendu à Jérusalem grâce à une échelle de lumière, Muhammad enfourche Bouraq et revient à La Mecque, métamorphosé par son extase.
Au récit de son voyage, plusieurs de ses auditeurs, même les plus éminents, prennent Muhammad pour un fou. Abu Bakr, qui connaissait Jérusalem, se convainc cependant de la réalité de ce voyage aux descriptions que le Prophète lui donne de cette ville.
La critique contemporaine – comme plusieurs des contemporains du Prophète – admet que ce voyage a eu lieu en esprit dans une extase inspirée. De multiples commentateurs admettent la thèse d’une vision réelle tandis que l’orthodoxie musulmane enseigne qu’il s’agit d’un vrai voyage de l’esprit et du corps. Les mystiques échappent au débat sur la réalité de ce voyage en y voyant un symbole de l’âme qui se détache du monde pour s’unir à Allah.
Louange à celui qui a transporté son serviteur, de nuit, de la Mosquée interdite à la Mosquée d’Al-Aqsâ. Le voici, Lui, l’Entendeur, le Voyant.